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Zéro

Répandus mon corps mon ciel mes sens

Insoumis les enfers liés à mon esprit étendu

La Terre me porte endormie jusqu’à l’enfance

Cognent les paradis sous ma voix mésentendue

 

De mes pupilles agitées finies d’être épuisées

Réveiller l’aurore qui m’accueillera, paupières relevées

Franchir l’éveil des sentiments les plus sûrs, la nuit enlevée

Ouvrir les mains, les mots, les tons, les temps, les murs,

De mes pupilles remises à zéro, ressuscitées pures

Recouvrir le visage mort d’espérances cousues

Ne plus traverser livide de remords imbue

 

Mes regards dévouent, mes regards dévouent

Le Zéro qui égare, qui dénoue

À devenir un nombre debout,

À oser un incalculable début

 

En silence en syllabes

La bouche reste capable

De prononcer les hauts

Sans qu’on sonne

la langue se manifeste

sans personne

sans défaites,

le Zéro

 

Mes regards avouent, mes regards avouent

Les origines creusées ne demeurent

Si le vide ne s’écrase de tout son long

Et ne faiblit au-delà des frontières

qui au Zéro donnent l’élan

Pour renfermer le tout

 

 

Minuit tombe, mes doutes sous zéro

Demain géant m’apaise d’étreintes

Le sommeil en bataille, mes cheveux

Héroïques au sommet de mon oreiller

Je porte à mon front la peur éteinte

La bouche qui commence à rêver

Réveille le plus simple vœu

D’être plus qu’un numéro.

 

 

Crédit image: Nathalie Montel, artiste peintre

Image trouvée sur: https://www.artmajeur.com/es/art-gallery/nathalie-montel/67749/calin-du-soir-nathaie-montel/9986338

Brin de temps

Le jour s’enfonce dans les teintes foncées

Le mois s’étend baryton dans la tête enfoncée

L’année se tricote autant de silences effrontés

Que de voix des bonheurs aux visages fondés

J’ai toujours su que le matin déboulait jusqu’au soir mais

Je n’avais jamais pensé que le soir me racontait les après-midis

De distraction, d’étude qui me défiaient et de rêves maudits

Les après-midis qui se réveillaient au beau milieu des

conversations que je n’ai jamais eues

Quelque part à deux heures et demi

Les yeux aimants au bord de l’ordi

Avec le soleil qui n’est jamais déchu

 

Ma bouche autour du cœur, les hypothèses en photos

Je me retournais les gens dans ma tête

J’avais comme envie de leur parler

Ou faire tout comme

Mes notes de cours, les intentions coupées au couteau

Je me détournais du sens de ma quête

Je voulais être un peu de vie pour aller

Refaire tout l’homme

Ou faire tout comme

 

Le printemps en fenêtre sur ses branches me tombait sous l’évidence,

Je voulais être le printemps

Pour moi et pour quelques-uns,

Pour quelqu’un, pour un

Pour un brin de temps plus vieux

Être un grain plus lumineux

 

Le matin a fini d’écrire ses pages non controversées

Le soir prend soin d’avoir le contrôle renversé

Le vendredi soir est travaillé.

J’ai pensé le vendredi.

J’ai dépensé, vendue.

 

Jeune, j’attends, J’aime

Étendue au sourire accent aigue, je patiente, oui,

les minutes trop universitaires le vendredi

Le chant routinier, je n’entonne

Mais plutôt une mélodie qui encore m’étonne.

Grand titre

Fais-le.

C’est le mot d’ordre qui rend en désordre certaines de mes pensées qui s’étaient bien rangées, bien accrochées sur une folie étagère. C’est le comprimé pour un mal de tête qui revient de temps en temps, pour une tête si pressée d’en finir dans tous ses états qui désunissent. Quand la logique rencontre les sentiments, il y a quelque chose de tragique, il y a quelque chose qui désespère, et ce quelque chose c’est la solitude qui laissait étrangères les bonnes intentions, devenues muettes face à tout un sens que je m’étais fait dans ma tête.

Quand je mettrai le pied sur scène et que je regarderai en avant, je ne verrai pas grand-chose, je ne verrai pas grand-monde, certes. Mais j’entendrai ce que j’ai à raconter, et je saurai avec certitude qu’en choisissant mes mots pour les gens que je ne connais pas, j’aurai tout tenté.

C’était ça, la fin.

Fais-le.

Sans titre

Et mon esprit curieux atterrit sur cette page, avec mon savoir qui est en manque de toi, de moi, de nous, de vous, de toutes les personnes qui prononcent le verbe de la connaissance.

Je suis éprise du vide à remplir sur cette page, avec le doute j’ai l’aveu qui me fait mal au corps. J’ai envie de dire, je suis en vide, je dévie; j’ai la phrase qui tombe déviante car j’ai le Je-ne-sais-pas un peu trop étiré tout au long de cette ligne. Je suis prisonnière de mon manque de savoir livre. Je te rends prisonnier, d’ailleurs, parce que tu lis, tu liras jusqu’à la fin, parce que tes yeux s’éprennent d’une femme qui ne sait pas, d’une femme sans histoire qui ne sait pas ce qu’elle raconte. Tu voudrais connaître ma fin, mais j’en ai pas : il est plus de minuit et j’entends déjà mes nuits qui ne s’achèvent pas, ma surcharge cognitive qui n’est pas si lourde que ça au clavier.

Je suis la femme sans titre qui écrit la pensée qu’elle n’a pas saisi sur son passage encore. Mais peut-être que, sans le savoir, je prends connaissance de l’état réel des choses. J’apprends que j’écris, j’apprends que t’es là, que tu me vois. Ta présence qui deviendra chose du passé dans quelques secondes est déjà un apport important dans mon futur qui manque cruellement de connaissances et de témoins de mon ignorance.

De cette page, je pars et je te délivre.

Le fou d’orage

Mis en échec

« Je te veux et je t’en veux »,

Déclara tout envenimé

Le fou d’orage

 

La reine le frôla pour une dernière fois

Voilà ses tempêtes qui le prennent en otage

Et les siennes, qu’est-ce qu’elles sont belles

Elles dévorent, elles dévient, écrivaines

Les passages de son âme encore mal écrits

 

On a entendu le silence après la pluie

Qui faisait le beau temps dans les yeux du fou

Toutes les paroles absentes de sa bouche

Évidente qui ne faisait que du vent

 

Le fou a touché la solitude

La partie, elle a gagné

La reine ne le voit plus

Le sourire, elle l’a perdu

Le fou a pris la fuite,

Gagnant du temps,

Comme à l’habitude

 

Mais il lui manque une case

Pour s’échapper d’une femme de toutes les natures

Qui ne peut être détrônée de son ciel mature

La fureur des sentiments, longtemps elle cause

 

Mais il se dit qu’il ne va pas se caser

Car les tempêtes, si belles qu’elles soient

Ne sont jamais que des paysages éphémères

Qui rendront sa folie que plus amère.

Au Café des Angoisses

Mademoiselle

Était à la table

Tableau de gens

 

Refermait son cœur

Sans couvert

Couverture d’automne

 

Séchait ses peurs

Non traversées

Travers des lignes de mademoiselle

 

Le vent se rafraîchit, le temps versé

Les couleurs tombeaux vivent, l’envie de vivre commandée

 

Les serveurs de sirop aimable

Apportent le désert

Pour les madame et monsieur des banquettes

Qui mangent les plats effrontés

À la bonne franquette

 

Le verre d’eau,

À peine bu,

Est vide

La tête de mademoiselle

Ne s’y est pas noyée

Ne s’y est pas prêtée

Elle a attrapé foi,

C’est évident

 

Mais le verre d’eau reflète

Très bien même

Le tableau d’automne,

Les couvertures des gens

Mademoiselle désalignée

 

Mais le verre d’eau reflète

Très bien même

Le bleu

Le vert

La vague salée au bord de son œil

 

Mademoiselle,

Voulez-vous autre chose?

 

Descentes

Il n’y a pas que décembre où les émotions font boule de neige
Glissant comme des enfants, avec leurs sourires à la réglisse
C’est tous les jours l’hiver, avec ses montagnes qui allègent
les peureux du temps qui casse, avec ses yeux de malice

Descendre et dire au revoir à l’effroyable zénith hautain
Décembre souffle et vient effleurer les luges d’éloges
Les joues rose bonbon goûtent aux flocons sucrés
L’heure est au soulagement, le mal est en berne

Les descentes se font tous les jours des cent peines
Les gens comme les avions atterrissent, si recréés
Ils dégringolent et se consolent jusqu’à la gorge
Alors c’est décembre tout le jour, effroi éteint

Et nous descendons, loin de la honte
Et nous glissons, le soleil en bouche
Le paysage repart soudainement
Nous, délivrés à toute vitesse
Retournés à nos origines.

Femme à effacer

Je prends le temps de regarder les âmes qui sont en train de se passer. Les âmes chaudes, les âmes froides, les âmes étiques, les âmes intactes. Les âmes dépassées. J’y dépense tout mon regard pour y gagner ma vie.

 

Je suis la femme à effacer, la volonté de femme retracée. J’absorbe de loin les autres au dos pensant. Et j’ai frôlé des mots lancinants, des images d’accidents. J’ai emprunté les voies dans le fond des gorges pour délacer les pensées qui se lassaient.

 

S’il te plaît, si ta mine affreuse écrit sur ton cœur de papier, laisse-moi être ta femme à effacer.

Reflets

C’est une nuit bleutée pour les papillons du ventre. L’heure sombre déroulée comme un tapis   établissait le saule chasseur ; autrement dit, moi.  L’eau fondait à la noirceur et masquait ses souterrains glorieux, et moi je masquais mes feuillages malheureux.  Je me regarde à son miroir, puis je me garde de revoir. Pourquoi m’acharner à saisir mon regard que je ne vois pas depuis des années ? Pourquoi rêver de mon image alors qu’elle n’est emportée que par le vent ?

Vais-je rester linceul pour le reste de ma vie ? Dans la grande caresse des sons carillons, suis-je une princesse en attente ? Je suis un saule chasseur, pas pleureur. Je préfère laisser noyer ces questions au bord de l’eau.

Je contourne rapidement mes lignages des profondeurs étendus sur l’eau, jusqu’à ce que je vois. Un scintillement niché au coin de mon ombre reflet.  Je scrute le point lumineux qui s’était incrusté en cette voleuse nuit. Que se passe-t-il ? Ce bout de reflet est-il vraiment à moi ? Soudain, d’autres pixels d’eau se mirent à briller, tous en chœur. La lumière vivait, la lumière était moi. Mes feuilles, mon tronc, mon âme. J’étais là, créature flottante sur les eaux glorieuses.

J’ai compris. La lune s’était présentée pour me représenter. La noire nuit foulait ma vie donc je l’avais toujours évitée. Mais la lune ne m’avait jamais oublié. Depuis combien de temps faisait-elle ce manège ? Combien de temps s’acharnait-elle à me ressaisir, me réveiller de mes égards mortels ?

Reflets. Je ne serai pas oublié, et je n’oublierai plus. À l’aube de moi-même, le ventre en papillon, le bleu pastel en forme de nuit, je sais.

Hublots voyageurs (V.2)

Des ronds roulant le long de la ligne
Des courbes creusant les larmes marines
L’horizon accueille ses enfants
Ces fenêtres en forme de télévision
trimballées par la mer en détresse

 
Voyageurs hublots
Aux carcasses bagarreuses
semblent maîtriser les courants
sur un air de jeunesse matelot
Semblent caresser les vagues heureuses
jusqu’à ce moment

Moment où
Les hublots, grattés de fond en ombre par l’outil du temps,
se lassent, échoués par les minces vagues qui noircissent.
La peau sur les eaux, ils voguent muets avec leurs ficelles salées acides.
Les regrets humides sont entremêlés de bonnes intentions.

Vogue, tendre vague à l’âme
Glisse sur les hublots du voyageur solitaire
Même si tes perles d’eau brillent de ténèbres
Le soleil se montre pour les dessécher.

 
Ces humbles voyageurs, tableaux d’arrimage
Transpirent l’orage et le ciel d’été
Ces hublots de voyage, tableaux d’amarrage
Ces yeux capitaines en croisière éternelle

Les yeux aiment voyager deux par deux, la solitude divisée en dieux                                               Pour que les poings noirs foudroyants de l’iris se desserrent,
Les yeux aiment voyager accompagnés, l’incertitude révisée à deux
Pour que les pupilles gourmandes puissent trouver l’amour en dessert.

 

D’un œil à l’autre, ils devinent, ils savent, ils deviennent.
Ils sont calmés par les tempêtes et sont passionnés par la douceur des cieux ;
Ces hublots voyageurs détruisent la mort en tout temps et en tout lieux.